La Saulx dans la prairie de Saudrupt
Ma rivière
Emile Lauvergeon
Ma rivière est jolie fille
Dès qu’elle arrive à Montiers
Et son bleu ruban scintille
Comme les perles d’un collier.
Folâtrant dans la prairie
En gazouillant sa chanson
Elle passe Dammarie
Morley, Mesnil, le Bouchon.
Puis elle accroche à son corsage
Après Stainville, Lavincourt,
Les jolis petits villages
De Rupt et de Bazincourt.
Elle joue avec les truites
Qu’elle élève avec amour
Puis la belle, vite, file.
Forte et bien ravitaillée,
Vers les forges d’Haironville
Où elle vient d’être embauchée.
Dès la porte de l’usine
Le bief la prend par la main
Et la conduit aux turbines
Pour donner un coup de main
Et loin des regards du monde
Parmi les roues, les volants
Elle travaille, elle gronde
Elle en sort en écumant !
Dès qu’elle a quitté l’usine
Elle reprend son chemin
Et va saluer, mutine,
Son ami le petit train.
Elle est fraîche, elle est jolie
La coquette, le sait bien
Parmi les lilas, les roses
S’amusant dans les jardins
Elle entend de douces choses
Des peupliers, ses copains.
Puis à l’ombre des vieux saules
Elle écoute la chanson
Des grands ajoncs qui la frôlent,
Mais, les quittant sans raison,
Son onde fraîche et limpide
Glissant parmi les roseaux dans une course rapide
S’en va vers des cieux nouveaux.
Au passage, à Haironville,
Gentillement, elle dit : Bonjour !
Et rieuse, autour des îles
Va faire quelques petits tours
Bénie par la Croix de pierre
Au vieux pont, elle jase un brin.
Puis la belle, claire et sereine
A l’ombre des bois touffus
S’en va faire la méridienne
Dans la prairie de Saudrupt.
Mais tandis qu’elle sommeille
Galamment, le petit train
De son sifflet la réveille.
Ils s’en vont, main dans la main
Et dans la prairie, les vaches
Etonnées les voient monter
Une partie de cache-cache
Qui va bien les amuser,
Au vieux Saudrupt, ils s’embrassent
Puis le train monte en soufflant
Et la belle se prélasse
Dans les près en l’attendant.
Toute heureuse elle le guette,
Le voilà qui redescend !
Dès qu’il rejoint son amie
Vite, il l’emmène aussitôt
Actionner les papeteries
De Ville et Lisle-en-Rigault.
Mais la coquette s’évade
Elle rêve de grandeurs
Et va lancer les œillades
Au beau château de Jeand’Heurs
Mais jaloux, fumant de rage
Le petit train la surprend
Lui fait une scène de ménage
Et la quitte brusquement.
A Trémont, qui la repousse,
Elle prend un peu de bleu,
Et résignée, triste et douce
Elle part vers d’autres cieux
Elle est lasse, la pauvrette
Et prend un air malheureux
Mais gardant dans sa détresse
Pour les autres un souvenir,
Gentillement elle caresse
Robert-Espagne-le-Martry.
Puis c’est Beurey et Couvonges
Mognéville et Contrisson,
Son brillant ruban s’allonge
Parmi les près, les moissons,
Son onde est tranquille et sage.
Tout comme au temps des beaux jours
De son chemin de hâlage
Le canal lui crie : Bonjour !
Et revigorée la belle
S’en va jusqu’à Remennecourt
Où elle reçoit des nouvelles
D’un vieil ami de toujours
Comme tout beau brin de fille
Elle a retrouvé l’amour !
Ma rivière, ne vous déplaise,
Oubliant le petit train,
S’en va, alors, vers Sermaize
Se marier avec l’Ornain.
La Marne dans son carrosse
Aussitôt les fait monter
Et dans leur voyage de noces
S’offre même à les guider.
Ils visitent les guinguettes
Puis la Seine et puis Paris
Mais vont se noyer, c’est bête !
Dans la mer, et l’infini.
Et voilà la brève histoire
Du joli petit cours d’eau
Au brillant ruban de moire
Que les gens nomment : La Saulx.
Elle est simple, elle est jolie.
De la vie, c’est le tableau,
Un tableau plein de lumière
Dans un cadre merveilleux !
C’est le cours de ma rivière
Sous le soleil du Bon Dieu !
Dès qu’elle arrive à Montiers
Et son bleu ruban scintille
Comme les perles d’un collier.
Folâtrant dans la prairie
En gazouillant sa chanson
Elle passe Dammarie
Morley, Mesnil, le Bouchon.
Puis elle accroche à son corsage
Après Stainville, Lavincourt,
Les jolis petits villages
De Rupt et de Bazincourt.
Elle joue avec les truites
Qu’elle élève avec amour
Puis la belle, vite, file.
Forte et bien ravitaillée,
Vers les forges d’Haironville
Où elle vient d’être embauchée.
Dès la porte de l’usine
Le bief la prend par la main
Et la conduit aux turbines
Pour donner un coup de main
Et loin des regards du monde
Parmi les roues, les volants
Elle travaille, elle gronde
Elle en sort en écumant !
Dès qu’elle a quitté l’usine
Elle reprend son chemin
Et va saluer, mutine,
Son ami le petit train.
Elle est fraîche, elle est jolie
La coquette, le sait bien
Parmi les lilas, les roses
S’amusant dans les jardins
Elle entend de douces choses
Des peupliers, ses copains.
Puis à l’ombre des vieux saules
Elle écoute la chanson
Des grands ajoncs qui la frôlent,
Mais, les quittant sans raison,
Son onde fraîche et limpide
Glissant parmi les roseaux dans une course rapide
S’en va vers des cieux nouveaux.
Au passage, à Haironville,
Gentillement, elle dit : Bonjour !
Et rieuse, autour des îles
Va faire quelques petits tours
Bénie par la Croix de pierre
Au vieux pont, elle jase un brin.
Puis la belle, claire et sereine
A l’ombre des bois touffus
S’en va faire la méridienne
Dans la prairie de Saudrupt.
Mais tandis qu’elle sommeille
Galamment, le petit train
De son sifflet la réveille.
Ils s’en vont, main dans la main
Et dans la prairie, les vaches
Etonnées les voient monter
Une partie de cache-cache
Qui va bien les amuser,
Au vieux Saudrupt, ils s’embrassent
Puis le train monte en soufflant
Et la belle se prélasse
Dans les près en l’attendant.
Toute heureuse elle le guette,
Le voilà qui redescend !
Dès qu’il rejoint son amie
Vite, il l’emmène aussitôt
Actionner les papeteries
De Ville et Lisle-en-Rigault.
Mais la coquette s’évade
Elle rêve de grandeurs
Et va lancer les œillades
Au beau château de Jeand’Heurs
Mais jaloux, fumant de rage
Le petit train la surprend
Lui fait une scène de ménage
Et la quitte brusquement.
A Trémont, qui la repousse,
Elle prend un peu de bleu,
Et résignée, triste et douce
Elle part vers d’autres cieux
Elle est lasse, la pauvrette
Et prend un air malheureux
Mais gardant dans sa détresse
Pour les autres un souvenir,
Gentillement elle caresse
Robert-Espagne-le-Martry.
Puis c’est Beurey et Couvonges
Mognéville et Contrisson,
Son brillant ruban s’allonge
Parmi les près, les moissons,
Son onde est tranquille et sage.
Tout comme au temps des beaux jours
De son chemin de hâlage
Le canal lui crie : Bonjour !
Et revigorée la belle
S’en va jusqu’à Remennecourt
Où elle reçoit des nouvelles
D’un vieil ami de toujours
Comme tout beau brin de fille
Elle a retrouvé l’amour !
Ma rivière, ne vous déplaise,
Oubliant le petit train,
S’en va, alors, vers Sermaize
Se marier avec l’Ornain.
La Marne dans son carrosse
Aussitôt les fait monter
Et dans leur voyage de noces
S’offre même à les guider.
Ils visitent les guinguettes
Puis la Seine et puis Paris
Mais vont se noyer, c’est bête !
Dans la mer, et l’infini.
Et voilà la brève histoire
Du joli petit cours d’eau
Au brillant ruban de moire
Que les gens nomment : La Saulx.
Elle est simple, elle est jolie.
De la vie, c’est le tableau,
Un tableau plein de lumière
Dans un cadre merveilleux !
C’est le cours de ma rivière
Sous le soleil du Bon Dieu !
Emile Lauvergeon
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire